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Se replonger dans l’histoire nous permet très souvent d’apprendre que les événements se répètent souvent.

L’étude menée en 2007 par Joël Coste[1], à partir de traités rédigés par des médecins désireux de transmettre leur expérience de la maladie aux confrères ou d’éclairer les municipalités chargées de la police sanitaire, permet d’appréhender l’attitude des responsables confrontés à la gestion d’un fléau susceptible de décimer leurs administrés en quelques mois.

Leur première réponse consista à promulguer des règlements draconiens, imposant une véritable « terreur sanitaire (isolement des malades, destruction des biens des pestiférés, poursuite des pillards…), d’autant qu’ils disposaient de moyens financiers et humains limités pour combattre la peste. Pourtant, ces règlements, d’un abord si détaillé, si rigoureux, négligent, à l’examen, des précautions élémentaires avant l’éclosion du mal alors qu’ils tardent, au contraire, à entériner son extinction.

Plusieurs raisons poussaient, en effet, à différer la publication de la peste : aux incertitudes de la science médicale s’ajoutaient les atermoiements de municipalités paralysées de crainte à la perspective des désordres économiques et sociaux qui risquaient d’advenir.

Ainsi les autorités municipales étaient-elles confrontées à un dilemme politique et sanitaire lorsqu’une suspicion de peste pesait sur leurs administrés. Disposant des structures et des règlements qui leur permettaient d’agir, elles préféraient le plus souvent attendre… au risque de voir la contamination s’étendre. Les raisons ne manquaient pas pour justifier leur attitude : le diagnostic de la maladie restait incertain, de fréquentes controverses opposaient les hommes de l’art. Les conséquences économiques, sociales et humaines s’avéraient toujours considérables. Réalisée trop tôt, cette « publication » pénalisait les villes et leur commerce ; réalisée trop tard, et par défaut, elle condamnait à mort les populations claquemurées dans une cité assiégée et menaçait de contagion les contrées alentour.

Confrontés à ce double écueil, les édiles municipaux des temps modernes ont presque toujours tergiversé avant de reconnaître, avec retard et à contrecœur, la présence d’une épidémie devenue manifeste et incontrôlable.

Lire aussi dans le Figaro : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/en-1720-les-attestations-de-deplacement-existaient-deja-pour-lutter-contre-la-peste-20200423

Comme quoi, la situation se répète…

 

[1] Coste Joël, Représentations et comportements en temps d’épidémie dans la littérature imprimée de peste (1490-1725). Contribution à l’histoire culturelle de la peste en France à l’époque moderne, Paris, Honoré Champion, 2007. Source www.cairn.com

Tag(s) : #Pensées du jour
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