« Si vous voulez être écrivain, ayez des chats », disait Aldous Huxley (1815-1895).
Le chat est le grand ami des écrivains et des poètes. On peut citer (entre autres) Charles Perrault avec Le Chat Botté, Chateaubriand qui ramena chez lui le chat Micetto confié par le pape Léon XII à sa mort, Théophile Gautier qui conte l’histoire de chats dans La ménagerie intime, Emile Zola dans Le paradis des chats, qui conte le passage d’un rat de salon voulant devenir chat des rues… Sans oublier Paul Léautaud, Colette, Marcel Aymé, Boris Vian, Michel Tournier…
Guy de Maupassant, qui fonda avec Alexandre Dumas une ligue pour la défense des félins, écrivit un fabuleux texte que je partage dénommé Sur les chats : « Il circule comme il lui plaît, visite son domaine à son gré, peut se coucher dans tous les lits, tout voir et tout entendre, connaître tous les secrets, toutes les habitudes ou toutes les hontes de la maison. Il est chez lui partout, pouvant entrer partout, l'animal qui passe sans bruit, le silencieux rôdeur, le promener nocturne des murs creux. »
En ce qui me concerne, mes chats Tendresse et Grillotte me fascinent à la fois par leurs mystères, leur indépendance, leur désir de liberté, leur tendresse, leur faculté de jouer avec une simple boule de papier, le calme aussi qu’ils me procurent. Ce sont de bonnes compagnonnes lorsque le soir venu ou la nuit, alors que tout est calme dans la maisonnée, ils sont là, présents, venant parfois chercher des caresses qu’ils apprécient en ronronnant après avoir bousculé quelque matériel sur ma table de travail. Ou, au contraire, en s’allongeant de tout leur long, levant de temps à autre la tête pour voir ce que je fais ou si je me fais un commentaire en parlant tout haut.
Depuis des siècles, le chat se trouve aux frontières du fantastique, de la sorcellerie, des mystères, de la magie, de l’insolite. On trouve de nombreuses légendes millénaires où il est mis en scène. Ce n’est qu’à l’époque des Croisades qu’il fut ramené chez nous où ils remplacèrent les furets dans la chasse au nuisible.
Selon les civilisations, il était considéré comme un dieu, mais en Europe, plus souvent comme la représentation du diable. Peut-être est-ce dû d’ailleurs à une méfiance de ce qui venait de l’Orient, le pays des Infidèles ?
Dieu, il le fut en Egypte où sous le nom de Bastet, il était une divinité familière qui pouvait demeurer chez l’habitant. De fait, le chat était bien nourri et traité, portait quelquefois des bijoux en or et il était interdit de le tuer. Ayant des traits félins, la déesse était aussi celle de la musique, de la joie du foyer et de la maternité. Déesse aux caractères antagonistes, elle était à la fois douce et cruelle, aussi attirante que dangereuse. En quelle sorte, la version animale du blanc et du noir, de la Lumière et des Ténèbres.
Les Fêtes données en son honneur étaient parmi les plus importantes de la Basse-Egypte. Hérodote, dans l’Enquête, nous apprend que plus de 700 000 participants hormis les enfants se pressaient pour honorer la déesse dans son temple de granit rouge à Bubastis. Il nota que « Les chats trépassés sont apportés à Boubastis où ils sont embaumés et enterrés dans des urnes sacrées. » Au cœur du temple, on a retrouvé des dizaines de milliers de momies félines embaumées à l’image des hommes comme pour garantir leur éternité dans l’au-delà.
Représentation diabolique, il le fut dans de nombreux procès en sorcellerie où sa couleur noire (la pire !) le faisait apparaitre comme le démon personnifié. C’était le seul animal capable d’annoncer où et quand devait se dérouler le prochain sabbat aux sorcières et sorciers. Il est vrai qu’à cette époque, sa rareté et son origine en faisait un animal étrange.
Son air parfois ironique, son indépendance, sa ruse, sa cruauté qu’il a parfois complètent cette représentation. Encore de nos jours, lorsque certains croisent un chat noir, ils pensent que ce sera une journée de catastrophe. Pire encore si c’est le premier janvier, c’est toute l’année qui est fichue.
A bientôt. Alain